Ces derniers temps, on m’a demandé pourquoi je fais ce que je fais. Pourquoi j’ai créé cet espace, ce refuge qu’on appelle aujourd’hui Les NeuroDivines.
Et pour être tout à fait honnête… je me suis posée la même question. De façon franche et crue. Pourquoi continuer face aux difficultés techniques, quand les vagues de critiques déferlent ? Pourquoi revenir encore et encore, alors que disparaître en silence me semble parfois si tentant ?
Voici la réponse qui s’impose en moi : Je fais ce travail parce que je crois, profondément, qu’il sauve des vies. Littéralement.
Je le reconnais, ça peut paraître intense. Peut-être même un peu trop, à première vue. Et une partie de moi hésite encore à poser ces mots avec autant de clarté. Mais quand je laisse tomber les filtres, quand j’écoute ce qui est vrai… c’est bien ça : c’est le cœur de ma mission.
Santé mentale, autisme et TDAH : pourquoi s’identifier peut tout changer
J’écris ceci aujourd’hui parce que c’est le Mois de la santé mentale. Et aussi parce qu’une nouvelle tempête d’opinions s’est levée sur la toile. Cette fois autour de l’auto-identification et des diagnostics à l’âge adulte.
Tu l’as peut-être vue passer : « Mais est-ce que toutes ces personnes sont vraiment autistes ?»
J’ai senti qu’il fallait répondre. Pas avec un débat. Mais avec un témoignage. Un éclairage. Une vérité.
Ce que je m’apprête à partager touche à des sujets sensibles : santé mentale, suicide, dépendances. Si ce n’est pas ce dont tu as besoin aujourd’hui, je t’invite à t’écouter pleinement et à revenir plus tard, quand tu sentiras que c’est le bon moment pour toi. Prends soin de toi d’abord. Toujours.
Ce qui ne se voit pas, mais qui pèse
La légitimité du mouvement pour la neurodiversité est de plus en plus remise en question. Certaines critiques viennent d’une méconnaissance, d’une peur ou de stéréotypes encore bien ancrés. D’autres, plus nuancées, soulèvent des préoccupations importantes : le risque de minimiser les besoins des personnes ayant un fort besoin de soutien, ou encore de voir l’autisme et le TDAH réduits à des étiquettes à la mode.
Et oui… je les entends. Et je les comprends. Moi aussi, certaines de ces inquiétudes me traversent.
Mais aujourd’hui, ce n’est pas de ça que je veux parler. Aujourd’hui, je veux mettre en lumière une réalité souvent passée sous silence : Le prix que paient les adultes autistes ou TDAH à haut camouflage, non identifiés, peu soutenus.
Celles et ceux qu’on croit « autonomes », « solides », « fonctionnels »… Mais qui, en dedans, s’effondrent. En silence.
Pour plusieurs d’entre nous, notre autisme ou notre TDAH ne sautent pas aux yeux. On fonctionne. On s’adapte. On masque. Mais à l’intérieur… c’est parfois un désert… ou une cacophonie. Un épuisement silencieux, une solitude écrasante, des conflits intérieurs constants.
Et ce qu’on oublie trop souvent, c’est que celles et ceux qui ont l’air d’aller bien sont parfois les plus à risque. Et oui, aussi étonnant que cela puisse paraître.
Ce que disent les chiffres
Ce que je nomme ici, ce n’est pas qu’un ressenti personnel. Les données sont là. Et elles parlent fort.
Entre 70 et 80 % des personnes autistes ou TDAH vivent avec au moins un autre enjeu de santé mentale : anxiété, dépression, trouble de stress post-traumatique, TOC, troubles alimentaires, bipolarité…
Ce n’est pas une exception. C’est devenu, tristement, une réalité fréquente.
Chez les adultes autistes sans déficience intellectuelle, le risque de suicide est multiplié par sept par rapport à la population générale. Et au Royaume-Uni, une étude a montré que 41 % des personnes décédées par suicide remplissaient probablement les critères de l’autisme… sans avoir jamais été diagnostiquées.
C’est bouleversant. Et pourtant, cette réalité-là reste souvent absente des débats… Surtout quand on caricature l’autisme en le réduisant à une « tendance ».
Et pourtant, malgré ces données accablantes, la réalité du terrain reste floue. Souvent, on ne reconnaît pas ce qui se joue vraiment.
Ce qu’on interprète mal… encore trop souvent
Quand la neurodivergence n’est pas reconnue, tout devient flou. Pour la personne concernée, mais aussi pour les professionnel·les qui l’accompagnent.
On en vient à traiter les symptômes… sans jamais toucher à la racine.
On parle de dépression résistante, d’épuisement professionnel, de trouble anxieux généralisé…
Mais derrière ces étiquettes se cache souvent un fonctionnement neurodivergent mal compris.
On confond surcharge sensorielle et anxiété. On interprète une rigidité de routine comme un « problème de comportement ». On juge un effondrement exécutif comme de la paresse, un manque de volonté.
Et la personne, elle, s’enfonce dans la confusion. Elle doute d’elle-même. Elle accumule des diagnostics, sans jamais sentir que l’un d’eux l’explique vraiment.
On soigne les feuilles tombées… sans jamais aller creuser sous la terre.
Quand survivre devient un automatisme… mal compris
Beaucoup d’adultes autistes ou TDAH non identifiés développent, avec le temps, des stratégies pour tenir le coup. Pas pour fuir la réalité. Mais pour survivre à un monde qui ne les reconnaît pas.
L’alcool pour apaiser le trop-plein. Le sucre ou la nourriture comme ancrage sensoriel. Le cannabis pour dormir ou ralentir les pensées. Le contrôle alimentaire pour retrouver un semblant de prévisibilité dans le chaos quotidien.
On parle de « problèmes de comportement », de « troubles » isolés. Mais souvent, ce sont des réponses adaptatives à une souffrance non identifiée.
Une étude a révélé que 20 % des personnes en traitement pour une dépendance répondaient probablement aux critères de l’autisme. Une autre a montré que près de 27,5 % des femmes en traitement pour un trouble alimentaire pourraient être autistes, sans jamais avoir reçu de diagnostic.
Encore une fois, quand on ne comprend pas ce qui se joue vraiment, on traite les conséquences… sans jamais toucher la cause.
Même dans les systèmes de soins, on reste invisibles
Et cette invisibilité ne s’arrête pas au quotidien. Elle se prolonge jusque dans les milieux médicaux et psychiatriques.
Une étude suédoise a montré que près d’une personne sur cinq en suivi psychiatrique répondait aux critères de l’autisme. Mais seules 0,5 % avaient un diagnostic inscrit à leur dossier.
Autrement dit : des milliers de personnes cherchent de l’aide, mais ne sont pas vues pour ce qu’elles sont. On les traite pour leurs symptômes de surface, sans jamais explorer la racine neurodivergente.
Et beaucoup finissent par croire que le problème, c’est elles. Alors que le vrai problème, c’est l’incompréhension.
Quand le bon mot peut tout réorganiser
Le jour où j’ai appris que j’étais autiste, tout a changé.
Non pas le monde extérieur. Mais ma façon de me percevoir. Ce sentiment constant de décalage a commencé à se dissoudre. J’ai pu mettre un mot. Un cadre. Une cohérence.
Et à partir de là, j’ai commencé à m’organiser autrement. J’ai ajusté mon environnement, mes rythmes, mes attentes. J’ai cessé de me demander ce qui clochait chez moi, et j’ai commencé à construire autour de qui je suis vraiment.
Puis il y a eu la communauté. Les mots partagés. Le miroir que l’on devient les unes pour les autres.
Est-ce que mes défis de santé mentale ont disparu ? Non. Je vis encore avec de l’anxiété, des épisodes dépressifs, des tics nerveux. Mais je les traverse autrement. Je ne me sens plus seule. Je ne marche plus au bord du gouffre.
J’ai un socle plus solide. Une boussole plus juste.
L’ours sans nom
Pendant des années, en thérapie, j’ai cherché une explication.
Pourquoi ce mal-être si tenace ? Pourquoi cette lucide douleur ? Cette sensation de vivre à côté de moi-même?
Je me suis même demandé s’il n’y avait pas un trauma enfoui. Et c’était peut-être vrai. Mais ce n’était pas tout.
Puis un jour, je suis tombée sur cette phrase, écrite par une professionnelle autiste et TDAH :
« Tu portes les marques de l’ours… mais tu n’as jamais vu l’ours. »
Et là, j’ai pleuré. Parce que c’était ça.
Avant le diagnostic, je portais les traces d’une lutte sans nom. Mon système nerveux était en feu. Mon quotidien me semblait étranger. Et je m’épuisais à maintenir une version de moi qui ne me correspondait pas.
Le jour où j’ai su que j’étais autiste, l’ours a eu un nom. Et les marques, un sens.
Je fais ce travail parce que je crois qu’il sauve des vies. Parce qu’il a sauvé la mienne.
Et parce que je sais qu’il y a encore tant de femmes qui marchent chaque jour avec les traces de l’ours, sans jamais l’avoir rencontré.
Elles méritent mieux.
Elles méritent des mots.
Elles méritent des réponses.
Elles méritent un espace où elles n’auront plus à survivre.
Elles méritent de respirer — pleinement, doucement, en toute vérité.
Et maintenant, si tu veux aller plus loin…
Si ce texte a réveillé quelque chose en toi — un doute, un souvenir, une impression que ça pourrait t’expliquer…
Je t’invite à ne pas laisser ça en suspens.
J’ai créé deux ressources spécialement pour les femmes comme toi, qui vivent beaucoup à l’intérieur sans toujours trouver les bons mots à l’extérieur :
Le forfait Dépistage Express
Une démarche douce, rapide et respectueuse pour t’aider à clarifier si tu te reconnais certains traits autistiques, à l’aide de questionnaires de dépistage validés et adaptés aux profils féminins et à haut camouflage.
👉 Découvrir le forfait
Le programme gratuit “60 minutes pour comprendre et éviter le burn-out autistique”
Une mini-formation simple et éclairante pour mettre des mots sur la fatigue, les cycles d’épuisement… et commencer à sortir du flou.
👉 Accéder au programme gratuit
Tu mérites des réponses. Tu mérites de te reconnaître.
Et surtout, tu mérites de vivre avec plus de paix, plus de clarté, plus de respect pour ton rythme.
Je suis là. À ta façon. À ton rythme.